La Crevie / Mon goéland / Poèmes ruche - Philémon Le Guyader

 

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.

A propos de Philémon Le Guyader pour son recueil intitulé La Crevie, Mon goéland, Poèmes ruche, paru aux éditions RAZ en 2016.

Dans la première partie de l'ouvrage, La Crevie, comme Crevivre, crever et vivre, l'auteur brosse en quelques traits lapidaires les portraits de 28 poètes aux destinées souvent tragiques. Ce sont des portraits irrévérencieux, humoristiques, facétieux, parfois féroces ou tendres. En un mot : iconoclaste, l'auteur déboulonne les statues...Un hommage tout de même en leur mémoire. Tel Monsieur Loyal, l'auteur les fait défiler sous nos yeux captivés par ce grand cirque que sont leurs fins de vie. Ce sont pour certains les sortir de l'oubli où ils sont tombés. Le lecteur a envie d'en savoir plus. Je pense notamment à Anne Sexton, Arthur Cravan, René Crevel. C'est avec un style maîtrisé avec des emprunts parfois à l'anglais, à la langue verte (l'argot) et familier, que l'auteur nous entraîne dans cette folle sarabande.

Dans la seconde partie intitulée Mon goéland, le poète a peut-être trouvé son double en l'évocation (pas ornithologique pour un sou) de cet oiseau qui se moque de tout et de tout le monde. Anticon, anticonformiste, je-m'en-foutiste, intraitable avec les "cons" de toute nature, l'oiseau conchie le monde et sa farce permanente ("Il faut regarder la réalité en farce" Louis Scutenaire dans "Mes inscriptions").

De la révolte à l'apaisement avec Poèmes ruche, un tout autre ton, fait de petites touches impressionnistes qui captent des instants fugaces de lumière dans une ville hospitalière. Le poète se fait peintre-photographe de l'instantané. Il se dégage de cet ensemble une grande douceur, peut-être un bonheur d'être tout simplement.

Anne-Marie Gentric.

 

 

Format 16 cm x 14 cm - 95 pages

ISBN : 978-2-37517-003-8

Prix 13 euros (+ 3€ de frais de port)

 

Parution en 2016.


Philémon Le Guyader, éditeur et poète ou bien poète et éditeur, mais aussi acteur, vit chaque jour en poète dans son Finistère inspirant et a choisi de se publier lui-même pour ne plus avoir à être la victime des programmes éditoriaux bouclés sur plusieurs années et des courriers les plus désespérants les uns que les autres.

 

Ce n'est pas pour autant qu'il en profite pour se laisser aller à la facilité et il met autant d'exigences dans ses propositions que les auteurs qu'il choisit. En 2016, il publie un triptyque poétique qui aurait mérité qu'un éditeur s'y intéresse. 

 

Dans la première partie, La Crevie, cette vie dont les poètes parfois en crèvent, reprise ensuite en 2022 dans un recueil illustré par Jacques Cauda et qui mériterait vraiment une large diffusion, Philémon Le Guyader offre dans ce recueil,  publié en 2016, à vingt-huit poètes leur poème posthume (quatre pour le prince Arthur). Ces écrivains que l'on connaît plus ou moins, dont pour certains on ignore les circonstances de leur mort, leur offrir leur dernier poème en guise de tombeau est un beau cadeau. Ecumeur de biographies, avec un style sucré/salé, un peu caustique et non dénué d'émotion qui est la marque de fabrique de Philémon Le Guyader, tutoyant ces poètes comme des amis, l'auteur nous entraîne un peu dans leur intimité pour un hommage inspirant.

 

Ce qui frappe avec ces destins tragiques c'est la variété des causes de la mort, mais plus que l'approche biographique c'est le style poétique très contemporain utilisé par l'auteur qu'il faut retenir.

 

La seconde partie trahit les origines bretonnes de Philémon Le Guyader, avec une observation anaphorique du goéland, ce volatile voleur de gaufres sur les plages et qui se plaît à se soulager sur les statues, même Chateaubriand en est victime à Saint-Malo... On sent bien la proximité de caractère entre ce goéland et l'auteur. Même s'il n'en est pas à déchirer "les poubelles de façon psychotique" plusieurs affirmations peuvent correspondre à la fois au goéland et au poète-éditeur-acteur.

 

Dans un tout autre style, la troisième partie nous emmène vers la ruche-capitale. Par petites touches, le tempo de la ville apparaît, ses impasses, ses parkings, ses foules, ses terrasses, ses pavés, ses jolies femmes et "Ce bruit / mouvement / apaisant / sans l'être ".

 

Denis Heudré.


Liste des 28 poètes évoqués dans La Crevie, dans l'ordre d'apparition dans le livre :

 

Paul et Nusch Eluard

Guillaume Apollinaire

Alexandre Pouchkine

Gérard de Nerval

Tristan Corbière (2)

Vladimir Maïakovski

Arthur Rimbaud (4)

Paul Celan

Jacques Prévert

Sergueï Essénine

Germain Nouveau

Pier Paolo Pasolini

Charles Baudelaire

Paul Verlaine

Anne Sexton

 

Ezra Pound

Arthur Cravan

Philippe Soupault

Federico Garcia Lorca

Pablo Neruda

Robert Desnos

Sylvia Plath

François Villon

Dylan Thomas

René Crevel

Alfred Jarry

Comte de Lautréamont

Armand Robin


Extraits de La Crevie : (cliquer sur l'image pour agrandir)

Extraits de Mon Goéland : (cliquer sur l'image pour agrandir)

 

 

Extraits de Poèmes ruche : (cliquer sur l'image pour agrandir)

Lecture de confinement 5

8 avril 2020 par Jacques Vincent.

 

Extraits de La Crevie de Philémon Le Guyader, éditions RAZ. L'auteur qui est aussi éditeur, nous dit avec impertinence la fin de vie de quelques poètes. Enregistrement publié avec son aimable autorisation.

Manquent à cette lecture les poèmes Philippe Soupault, Sylvia Plath, Paul Celan, Pablo Neruda, Robert Desnos, Vladimir Maïakovski, Paul et Nusch Eluard, Ezra Pound, Alfred Jarry, Armand Robin.

Philémon Le Guyader

Philémon Le Guyader est un poète, éditeur et comédien, il est l'initiateur des éditions DLC (2003 à 2011) puis des éditions RAZ, il a publié dans différentes revues, participé au mouvement  insurrection poétique !  et collaboré avec différents artistes.